Voyager en Indonésie autrement
Aah! Bali! Ce petit paradis tant prisé par les blogueurs de ce monde -surtout depuis la fameuse saison d’Occupation Double 2017-. L’endroit rêvé pour mettre à jour notre feed Instagram dans l’un de ses restaus Pinterest, sur l’une de ses plages, une planche de surf jamais utilisée sous le bras, ou en faisant la file pendant des heures pour une photo en balançoire au-dessus de la jungle… Mais est-il également possible de ne pas tomber dans le piège et de réellement aller à la rencontre de l’Indonésie, la vraie? Celle que l’on ne voit nulle part sur les réseaux sociaux, mais qui mérite tant d’être explorée. Moi, je vous dis que oui! Je vous dis aussi que vous devrez prendre votre courage à deux ou trois mains et sortir des sentiers battus pour y arriver, mais que vous ne le regretterez pas.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, je me présente: Charlotte, photographe lifestyle et d'aventure : Artiste, intello à mes heures, hyperactive la plupart du temps, mais surtout voyageuse récidiviste. Par «voyageuse», je ne parle pas ici de passer deux semaines à San Juan del Sur ou au Full Moon Party à fêter avec une bande d’amis. Non, merci! J'entends ici que je suis passionnée de culture, assoiffée d'apprentissage, avide de rencontres et à la recherche du dépaysement le plus total. Je fais le tour du monde, seule avec mon sac à dos, depuis l'âge de 14 ans, à la recherche des endroits les plus isolés pour faire voyager le monde entier grâce à mes photos (Ne vous en faites pas; j'ai étudié et même parfois travaillé à travers toutes ces années ;) ).
Toujours est-il qu’à l’été 2018, je n’avais qu’un mois pour voyager (Après avoir pris congé de mon tout nouvel emploi trois autres fois dans l'année. #Oopsy!), et j’avais la ferme idée d’effectuer un retour en Asie après 10 ans sans y avoir posé les pieds. Malheureusement, les vacances qu’il m’était possible de prendre tombaient pile à la saison des cyclones aux Philippines et au Sri Lanka qui étaient mes premiers choix. J’ai donc dû me résilier à visiter le centre-sud de l’Indonésie, seul région de l’Asie assez près de l’équateur pour atténuer les remous de dame nature. Vous comprendrez, de par ma brève description, ma déception à mon arrivée sur l'île de Bali, lorsque je me suis butée à une marée d'occidentaux. Je savais déjà avant de partir que l’aventurière en moi devrait accepter de partager son espace avec plusieurs autres touristes –et certainement pas les plus expérimentés-, mais jamais je ne m’étais imaginée une station balnéaire si adaptée à la consommation de masse.
J’ai mis quelques jours à réfléchir à un plan d’évasion, enfermée dans la prison de Canggu; Entourée de jeunes surfeurs et de leurs admiratrices en bikini; reines du selfie. - Vous comprendrez que je colore mon histoire avec une belle exagération des faits, n’est-ce pas? Canggu n’a rien d’une prison, en réalité. C’est un village en bord de mer très agréable où l’on peut surfer à toute heure, 365 jours par année, dénicher des articles de mode et de décoration uniques et manger des plats aussi beaux que délicieux… Mais les faits sont que si l’on ne fait pas l’effort de sortir de la côte-ouest de l’île, il est possible de passer des semaines, voire des mois à Bali sans jamais croiser un indonésien, ni jamais goûter à leur cuisine ou entendre leur langue… Et ça, ça m’attriste profondément. - Je me suis donc rendue à l’évidence très rapidement que je devrais faire comme les locaux et me munir d’une motocyclette pour ratisser l’île de fond en comble. Aah! La liberté!
Mon backpack de 85 litres sur le dos, mes deux planches de surf à ma gauche et mon sac de caméra entre les genoux, je suis partie à l’aventure. J’ai pris la route… une route… qu’importe laquelle, tant qu’elle me mènerait vers de nouveaux horizons. En fait, ce que je préfère du voyage solo, c’est de me perdre et de découvrir des endroits que je n’aurais pas même pu voir si je l’avais planifié. J'ai besoin d'être surprise et déstabilisée pour me sentir complètement libre. Rien n'égale le sentiment de me réveiller dans un endroit inconnu et de n'avoir aucune idée de ce que je ferai dans la journée, pour me laisser porter par les rencontres et le hasard... J'ai donc suivi la route longeant l'océan jusqu'à ce que le soleil ne se couche et que je doive trouver un endroit où passer la nuit.
La vérité c'est que voyager aujourd'hui est devenu tellement plus facile et sécuritaire qu'autrefois; d'autant plus à Bali. - Je vous reviendrai sous peu avec mon aventure en Éthiopie où là, tout n'était pas aussi simple! - Le wifi est maintenant partout, tous les habitants, même des plus petits villages, ont un téléphone portable et il existe même des applications gps (Entre autres mon nouveau meilleur ami de voyage: Maps.Me) qui permettent de chercher des auberges, restaus et lieux d'attraction sans même avoir un réseau cellulaire. Plus besoin de se casser la tête à tout prévoir à l'avance: Je garde mon téléphone en mode avion - la sainte paix! - et je lâche prise. Je me laisse aller et je suis mon instinct. That's when the magic happens!
Il s'agissait donc simplement de s'éloigner de la côte-ouest et de s'aventurer légèrement plus au Nord pour découvrir toute la richesse de la culture balinaise. Seule, le vent dans les cheveux, un peu de musique country dans les oreilles, je me suis enfoncée dans la jungle du centre de l’île et j’ai grimpé les montagnes jusqu’à leurs sommets brumeux. Là, tout en haut, dans le silence le plus total, je me suis arrêtée un instant et tout doucement, j’ai vu apparaître autour de moi des centaines de singes m’observant prudemment. C’est dans ce genre de moment magique que le voyage prend tout son sens.
Une fois tout à fait au nord-est de l’île, je ne sais pour quelle raison, j’ai décidé de prendre un bateau. J’ai embarqué mon scooter sur un traversier et je suis partie sur l’île de Nusa Penida sur un coup de tête. J’ai avalé une pilule pour éviter le mal de mer qui m’a assommée jusqu’à ce qu’on accoste et que je me réveille seule sur le bateau. J’ai entendu des voix à l’extérieur, alors je me suis dirigée et j’y ai trouvé un jeune français qui, étrangement, parlait indonésien avec le capitaine. Je me suis tout de suite dit “Celui-là, il doit absolument être mon ami pour la semaine!”. Visiblement, il devait bien connaître les environs pour en avoir appris la langue, alors je l’ai abordé, lui demandant s’il connaissait un endroit où je pourrais dormir. Il m’a alors invitée à le suivre et hop! Aussi simplement que ça, Jules, ses amis et moi avons passé les jours qui ont suivi à plonger avec les raies manta, à boire des smoothies à la mangue et à manger du poisson frais au bord de la mer, dans les endroits que seuls les locaux pouvaient connaître. Les rencontres à l’étranger sont tellement précieuses et puissantes. Les voyageurs sont libres: dépourvus de toute forme d’influence que leur quotidien puisse avoir sur eux. Ils sont purs et l’on accède immédiatement à leur âme dans sa forme la plus vraie. Chaque fois, je suis si reconnaissante de la richesse de ces moments partagés...