Aupair World
Aujourd’hui, je vous partage l’une des plus belles expériences que j’aie vécu de ma jeune vie de voyageuse… Une expérience qui m’a permis à la fois d’être rémunérée et de voyager, mais surtout de m'immerger pleinement dans une nouvelle culture, d’apprendre une langue à la perfection, de découvrir des horizons bien différents de ceux prisés par les touristes et de forger des amitiés qui ont marqué mon petit coeur à jamais.
J’avais 20 ans et je sortais de ma toute première rupture amoureuse (Classique! Je sais.). J’avais 4 mois de vacances avant de recommencer mes cours à l’université et je voulais les passer à l’étranger -évidemment-, alors j’ai ouvert mon cher ami Google et j’ai tapé «summer job around the world» dans le moteur de recherche sans savoir que ma vie allait bientôt en être changée à tout jamais. Je ne suis pas d’une tout autre génération, mais je dois tout de même avouer que les réseaux sociaux en étaient à leurs débuts à ce moment-là. Je ne sais pas si Instagram existait, mais assurément, je n’en avais jamais entendu parler. L’option de me partir un blog et d’espérer être suivie par assez de gens pour être rémunérée en voyageant ne m’avait donc jamais traversé l’esprit, alors j’ai fouillé un bon moment avant de trouver ce qui s’est avéré être l’opportunité parfaite : AuPair World.
AuPair World est une forme d’agence de jumelage entre des familles et des jeunes -et moins jeunes- de partout dans le monde. On s’y crée un profil, un peu comme sur un site de «dating», mais pour trouver une famille qui correspond à nos critères, plutôt que pour rencontrer un jeune homme aux intentions douteuses! On nous demande entre autres notre pays d’origine, notre âge, notre sexe, les endroits du monde où nous serions intéressés à vivre, si nous acceptons d’avoir une famille qui a des animaux ou qui fume, le genre de tâches auxquelles nous serions prêts à contribuer dans la maison (garde des enfants, tâches ménagères, enseignement d’une langue, aide aux devoirs, éducation spécialisée, etc.) et puis, à partir de nos réponses, le site trouve notre match parfait: Une banque de familles offrant ce que nous recherchons et cherchant ce que nous avons à offrir. On peut alors voir leur photo, lire leur profil et échanger des courriels pour choisir l’opportunité qui nous semble la meilleure. Puis, pour chaque pays, un salaire est pré-établi en fonction du coût de la vie et non des tâches à effectuer, alors il est stable peu importe les conditions que nous choisissons. Les familles s’engagent donc à nous recevoir chez elles gratuitement, à nous fournir tout ce dont nous avons besoin pour y vivre et à nous rémunérer en prime pour les aider de toutes sortes de façons!
De mon côté, ce fut presque instantané. Parmi les premiers profils qui me sont apparus, je suis tombée sous le charme de celui des Lorenzini-Colonello. Vivant à Varese, au nord de l’Italie, ils disaient voyager tous les weekends avec leurs trois garçons pour surfer et s’entraîner à faire des triathlons entre le Lac de Garde et de Côme, Venise, les Alpes suisses et la Côte d’Azur française. Ils prévoyaient également amener leur fille AuPair avec eux en vacances en Sardaigne et aux Îles Canaries, pendant mon séjour. Ils recherchaient un ou une jeune anglophone pour apprendre l’anglais à leurs enfants et les accompagner dans leurs mille et unes activités. Je ne pouvais rêver d’une meilleure famille pour m’accueillir. Il ne me restait qu’à espérer que la connection soit bonne entre nous via notre première vidéo-conférence et effectivement, ce fut le coup de foudre. J’étais si nerveuse de devoir discuter avec de parfaits inconnus ne parlant pas la même langue que moi, mais Elena m’a fait rire dès les premiers instants… Et c’est ainsi que je m’envolai quelques mois plus tard pour l’Italie.
Je me rappellerai toujours de l’accueil que les enfants me firent à l’aéroport, avec leurs pancartes de bienvenue faites à la main… et mon premier réveil alors qu’ils sautèrent à pieds joints dans mon lit, en jouant de la flûte et du tambour. Il n’y avait pas de doute: J’étais attendue à bras ouverts et ils étaient ravis d’avoir une nouvelle grande soeur parmi eux. Sans vouloir avoir l’air dramatique ici, je crois que c’était la première fois que je comprenais la véritable signification d’une famille unie. Je me sentais chez moi et j’étais comblée de bonheur.
Même si l’on ne parlait pas du tout la même langue, la communication passait parfaitement bien entre nous. Avec les enfants, nul besoin de discuter pour bien s’entendre. Je jouais avec eux et ne vous en faites pas: J’ai appris à leur dire de se calmer et d’arrêter de crier bien assez vite! Les parents, eux, parlaient l’anglais -avec leur énorme mais adorable accent italien-, mais ils me présentèrent rapidement à des jeunes de mon âge; des cousins et des voisins, pour que j’apprenne l’italien et que je ne me sente pas seule. Je me rappelle la première fois où mes nouveaux amis m’ont amenée avec eux au petit bar du coin. J’ai été assise avec eux pendant de longues heures à seulement observer sans pouvoir répondre à qui que ce soit… mais c’est de cette façon qu’en à peine 2 petites semaines d’immersion totale, je me mis à comprendre quelques mots, puis des expressions et éventuellement des blagues. Ils me parlaient en italien et je répondais en espagnol. Nous nous comprenions... Jusqu’à ce que je puisse faire la transition graduelle vers l’italien.
Les semaines passèrent et pendant que j’enseignais l’anglais aux enfants, eux corrigeaient mon italien. Puisque les deux plus vieux allaient à l’école, je passais le plus clair de mon temps avec Massimiliano qui avait quelques mois à peine à ce moment-là. C’était littéralement mon partenaire de vie! Nous passions tellement de temps ensemble qu’il avait appris à sourire comme moi; en plissant son petit nez! À mon arrivée, il était trop petit pour s’asseoir et à mon premier départ (car oui, j’y suis retournée maintes et maintes fois ensuite), quelques mois plus tard, Massi avait appris à marcher et il suivait ses grands frères comme un champion. J’ai été témoin de son évolution comme une deuxième mère pour lui et je me suis attachée immensément à cet enfant… et à cette famille, bien évidemment.
Elena me répétait toujours: «Tu as un Visa vacances-travail et non travail-vacances : Amuse-toi! Bois du vin! Pars les weekends et rentre tard!» Mais moi je n’avais qu’une seule envie et c’était de les suivre dans leurs aventures, parce que je sentais que je faisais partie de cette famille comme si j’y étais depuis toujours. Nous avons fait le tour du nord de l’Italie ensemble, en faisant de la planche à voile sur tous les grands lacs. Nous faisions du vélo, de la course, de la randonnée, tous ensemble; les petits comme les grands. Nous avons fêté mon 21è anniversaire en Sardaigne -un véritable paradis sur terre- et je me rappellerai toujours de regarder les étoiles ce soir-là, la larme à l’oeil tellement je me sentais choyée de vivre tant de bonheur.
J’ai tout de même sauté sur l’occasion de visiter d’autres pays d’Europe: Je suis passée par la France, la Côte d’Azur, la Suisse, les Alpes, la Slovénie, le Luxembourg, l’Allemagne et l’Espagne, et puis, je n’ai pas non plus oublié Milan, Rome, Florence, Pise et Venise, puisqu’il le faut!
Mon premier séjour avec eux s’est terminé à Tenerife, aux Îles Canaries, à apprendre à surfer parmi les meilleurs de ce monde… Un après-midi, pendant la sieste des garçons, j’étais assise sur une plage de sable volcanique et j’ai vu ce magnifique blondinet sortir de l’eau comme un adonis, sa planche sous le bras, et se diriger vers moi, spontanément… Je suis tombée amoureuse du beau Francesco en une fraction de seconde et il est devenu une raison de plus pour moi de revenir encore et encore visiter l’Italie pendant les années qui ont suivi. Nous avons fait l'aller-retour entre nos deux pays comme ça, pendant plusieurs mois, alors que je rentrais parfois au Québec pour faire quelques cours universitaires et que je me sauvais dès que je le pouvais en Italie. Je dois dire que pendant cette période de ma vie, je flottais entre plusieurs continents sans jamais me poser réellement nulle part… Nous avons traversé de la Slovénie à la France en voiture en tentant de nous embrasser dans le plus de pays possible, comme deux adolescents. Nous sommes retournés surfer aux Îles Canaries et sur la côte est de l’Italie, puis celle des États-Unis. Nul besoin de vous dire que j’ai appris l’italien à la perfection. J’ai appris à dire des mots doux tout autant qu’à m’obstiner! Notre petite histoire s’est poursuivie pendant près de 2 ans; me permettant de revenir visiter ma famille adorée et de découvrir toujours plus cette magnifique culture dans laquelle je me sentais désormais entièrement incluse.
Ce qui devait être une expérience de quelques mois s’est transformée en grande aventure qui a fait de moi la voyageuse que je suis aujourd’hui. Un matin, à Tenerife, j’ai appris à surfer… La toute première fois que je me suis levée debout sur une vague et que j’ai vogué sur l’eau pendant quelques secondes, j’ai alors compris ce que c’était que d’être complètement, entièrement libre. Je n’avais encore jamais même réfléchi à me faire tatouer un jour dans ma vie, mais ce soir-là, sous le ciel étoilé, j’ai décidé de me faire tatouer le mot «Libertà» avec une petite vague à côté, car je venais de faire la plus grande découverte de ma vie; la chose à laquelle je m’accrocherais pour toujours…
Les années ont passé, Francesco et moi nous sommes séparés et j’ai eu envie de visiter d’autres horizons… Mais en avril 2018, j’ai profité de quelques jours de congé pour aller visiter ma famille adoptive déménagée depuis peu au Texas. Ça faisait près de 5 ans que je ne les avais pas vus, mais à peine débarquée du taxi, la porte de la maison s’ouvrit et les enfants devenus grands accoururent vers moi comme au premier jour… Comme si le temps s’était arrêté. Mon petit Massimiliano était maintenant un grand garçon de 7 ans et il ne devait pas se rappeler très bien de moi, mais son coeur lui ne m’avait pas oubliée. Naturellement, il m’appela «Zia» («Ma tante») et vint dormir avec moi tous les soirs. J’étais tellement touchée de cet accueil; de retrouver les petits amours de ma vie, et de sentir que le temps n’avait rien changé du tout!
Les liens que nous créons en voyage sont inégalables, incomparables à aucune amitié, aucune relation privilégiée. Ils sont uniques et ni le temps ou la distance ne peuvent les briser. AuPair m’a donné l’opportunité de créer de ces liens exceptionnels et de découvrir un pays et une culture d’une façon qu’aucun voyage ne peut permettre. Si vous en avez la chance, lancez-vous! Il n’y a pas de façon plus sécuritaire que celle-là de partir seul, loin du confort de votre maison. À tous ceux qui hésitent encore à partir en sac-à-dos, tentez d’abord cette façon de voyager et vous ne vous arrêterez plus jamais ensuite!
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